Jacques Voyer, héros de la Résistance

 

      - Chevalier de la Légion d'Honneur

      - Compagnon de la Libération

      - Croix de guerre 39/45 (3 palmes)

      - Médaille de la Résistance avec rosette

      - Médaille commémorative des Services Volontaires dans la France Libre

      - Distinguished Service Cross (USA)

 

Lors de sa séance du 25 septembre 2023, le Conseil municipal de Lèves a décidé à l’unanimité d’octroyer le nom du « tourne-bride » en haut de la route de Chavannes «Place Jacques-Voyer». Celle-ci sera inaugurée en préambule de la prochaine cérémonie du 1er mai en mémoire des fusillés de Chavannes, en présence de sa famille.

Juin 1940. C’est la débâcle. La France subit en six semaines une terrible défaite face à l’invasion nazie. Le 17, le maréchal Pétain, qui vient d’être nommé président du Conseil et à qui le Parlement quasi unanime donnera les pleins pouvoirs le mois prochain, demande à cesser le combat et propose l’armistice aux Allemands. Ce même jour à Chartres, le préfet Jean Moulin préfère se trancher la gorge que de signer un papier incriminant les tirailleurs sénégalais de l’armée française.

Farouche opposant à l’armistice, le Général de Gaulle, alors peu connu des Français, s’envole pour Londres. Le lendemain, il rédige une proclamation que Churchill lui autorise à enregistrer sur les ondes de la BBC. L’Appel, que peu entendront, marque l’acte fondateur de la France libre.

Seulement quatre jours plus tard, le 22 juin, une trentaine de jeunes gens déterminés à combattre pour l’honneur de la France embarque clandestinement à Marseille sur le cargo Capo Almo, en partance pour Alger. Parmi eux, Jacques Voyer, un jeune Toulonnais de 17 ans emprunt des valeurs du scoutisme.

Avec ses camarades, parmi lesquels le futur premier ministre Pierre Mesmer ou le lieutenant Jean Simon, et avec l’aide du Commandant, le bateau est dérouté vers Gibraltar pour rallier l’Angleterre contre l’avis des officiers du bord. Arrivé à Liverpool le 15 juillet, Jacques Voyer s’engage dans les Forces Françaises Libres (FFL) dès le 27 juillet.

S’ensuivront quatre années de résistance. Nommé sergent-radio puis capitaine, Jacques Voyer est parachuté sans comité de réception dans la région de Tarbes en 1941, sous la fausse identité de Lucien Boyer. Il mena plusieurs opérations d’espionnage, notamment au sein du BCRA (Bureau central de renseignements et d’action). En avril 1943, il est rapatrié en Angleterre par mesure de sécurité.

A nouveau parachuté dans la nuit du 10 au 11 avril 1944 dans l’Indre, Jacques Voyer met sur pied le réseau Vitrail dans la région de Chartres avec une petite équipe d’agents. Il réussit à transmettre d’importants renseignements au commandement allié sur les déplacements de l’armée allemande.

Repéré le 10 juin par des policiers allemands alors qu’il mène une opération d’observation près de Chartres, il est emprisonné après avoir tenté de s’échapper. Torturé pendant plus de deux semaines, il ne parle pas. Le 26 juin, il est traduit devant le Tribunal militaire allemand et condamné à mort pour espionnage. Il est fusillé le lendemain au champ de tir de Chavannes de Lèves*, à l’âge de 21 ans. Sa dépouille est enterrée sur place avant d’être transférée au cimetière de Toulon en 1949.

Fait Compagnon de la Libération** par décret du 20 janvier 1946, sa décoration de la Croix de l’ordre de la Libération sera remise en personne par le Général de Gaulle à son père.

* Sur ce même champ, 8 autres résistants seront fusillés par les nazis : Hoche Allart, Raymond Brousse, Jean Cormier et Maurice Maugé le 30 avril 1942, Gilbert Huan et André Jacquemin le 16 juin 1944, Maurice Vadé le 27 juin 1944 et Jean Bouvier le 14 juillet 1944. Leur mémoire est honorée tous les 1er mai.

** Créé par le Général de Gaulle dès novembre 1940, forclos depuis 1946, le titre de Compagnon de la Libération n’a été décerné qu’à 1038 personnes, ainsi qu’à 5 communes et à 18 unités combattantes, pour leur participation héroïque à la libération de la France. Depuis 2019, la ville de Lèves a signé un partenariat avec l’Ordre de la Libération dans le but de transmettre le message de la Résistance aux jeunes générations.